La température, révélateur d’arômes... ou voleur de sensations
Pourquoi cette plage ? Vite un peu de physiologie : notre perception sensorielle est très sensible à la température. Au-dessous de 7°C, notre seuil d’acuité aromatique baisse fortement (voir étude “Temperature and the Perception of Wine Aroma” publiée par le Journal of Agricultural and Food Chemistry, 2015). Or, le Sauvignon, c’est avant tout une question de nez. Asphalte mouillé, buis, agrumes, bourgeon de cassis – c’est fragile, parfois fugace. Trop froid, le vin devient tranchant, acide, voire végétal-fermé. Il “griffe” au lieu de caresser. Trop chaud, la bouche s’alourdit et la sensation de moelleux écrase tout espoir de légèreté.
L’anecdote du caveau : le Sauvignon à la sortie du frigo
Un caveau du Sancerrois, en plein été : la tentation est grande de servir le vin frappé, histoire de battre la chaleur. Résultat ? Sur trois convives venus déguster, deux se plaignent d’un vin “sans parfum” et d’une “acidité mordante”. Le vigneron fait patienter dix minutes, puis ressert le même Sauvignon, remonté à 10°C : la bouche s’arrondit, les fruits ressortent, tout le monde s’exclame. L’effet est systématique – véritablement bluffant.